Monsieur Royal

C’était en 1998.
Je cohabitais avec un ami, pas très loin de Bastille, tout près de Saint-Paul.
J’étais comme en "stand-by".
En réalité, je me laissais un peu vivre, dans cette rue où mourut Jim Morrison.
Le soir, je pensais refaire le monde avec le peu que je croyais connaître.
Un peu de connaissance, mais beaucoup de substances : comme des vins de toutes les couleurs – entre autre.
Ca aide à croire qu’on peut tout savoir quand on ne sait pas grand-chose.

C’est cette année-là, en 1998, que Charles Millon, Jacques Blanc, Charles Baur et Jean-Pierre Soisson furent "extrêmement" tentés de pactiser avec le Front National afin de ne point perdre leurs foutus fiefs.
J’enrageais.
Je n’étais pas le seul.
Un homme, ne payant pas de mine, un peu gauche, un tantinet rougeaud, s’excitait dans le téléviseur.
Mon pote fut impressionné par cet homme que je qualifai moi, d’insipide.
Il tenta de me convaincre que j’avais tort, que l’homme était brillant, qu’il était d’une grande intelligence, et qu’il faudrait compter avec lui.
Et il ajouta :
"Un jour, ce type sera président de la République !"
Je crois que je fis : "pffff …"
Et nous en restâmes là.

Les années ont passé.
Mon pote n’a jamais changé d’avis.
Moi si.
Petit à petit, je me rendis compte que l’homme était effectivement brillant, qu’il était, en outre, doté d’une grande finesse d’esprit.

Je constatai le 9 novembre dernier, qu’il était aussi un orateur d’une qualité exceptionnelle ; un orateur à l’humour féroce(ment drôle), mais juste.
Seulement voilà, il ne sera pas président de la République.
Du moins, pas cette année.
Puisque sans prévenir personne – ni même lui – c’est sa compagne qui s’est mise en situation, et qui postule aujourd’hui, au titre suprême.
Or,
le candidat naturel, c’était bien lui ; c’était François Hollande.

Quand il est entré, essouflé, cet après-midi, sur les coups de 16h03 dans le studio de Sud Radio, c’est bien cela que j’ai vu : l’homme qui aurait dû représenter le Parti Socialiste à cette présidentielle 2007.
Il doit y avoir une explication à ce rendez-vous manqué.
L’explication, c’est peut-être
François Hollande, lui-même.
Je veux dire par là que, quand il s’agit de politique,
François Hollande est "Monsieur Loyal" avant d’être Monsieur Royal.
Car, plus que tout, il aime le combat politique.
Il aime son parti.
En conséquence, il s’effacera, s’il estime que c’est bon pour le parti, bon pour le combat.
Ce qu’il a fait.
Cet homme ne fait donc pas passer son intérêt personnel avant l’intérêt qu’il estime général.

L’explication, disais-je, c’est peut-être François Hollande lui-même, mais c’est aussi – et comment pourrait-il en être autrement ? Ségolène Royal.
Que le citoyen connaît presque aussi mal que son compagnon.
Preuve en est, cette question – récurrente – d’Alain, cet après-midi dans "Mêle-Toi De L’Info" :
" Bonjour Monsieur Hollande ! Voilà : je ne crois pas que si Ségolène Royal est élue, c’est elle qui va gouverner .."

[Je me permets de préciser à François Hollande que comme Alain, "beaucoup" pensent que ce sera le Parti Socialiste qui le fera.]

Et là, véritable cri du coeur du premier secrétaire :
"Ah ! Ca se voit que vous ne connaissez pas Ségolène Royal !"

Tout est dit dans cette phrase.
D’autant plus que là, c’était avant tout, Monsieur Royal qui parlait.

PS :
Dans l’édition numérique du Monde en date d’aujourd’hui, l’on cherche l’éventuel Premier Ministre de Ségolène Royal.
Et l’on cite cinq prétendants.
Avant cette précision :
En aparté Mme Royal, elle, promet une "surprise".

Et si cette "surprise", c’était … François Hollande ?

 

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