Bayrou, Un Vote De Rejet


Cette semaine, on peut lire en Une de L’Express :
"Bayrou président ?"
Comme l’indique ce titre, c’est une (vraie) interrogation. 
Mais derrière cette interrogation, pointe un scepticisme évident.
Sinon l’hebdomadaire de Christophe Barbier ne rappellerait pas ô combien "la fermeté du choix des électeurs en sa faveur reste la plus faible parmi les principaux candidats."

Alors comment expliquer cet engouement soudain pour le leader centriste ?

Simone Veil donne un début de réponse dans Le Monde.fr :
"Je crois que cela vient d’un rejet du politique."

C’est aussi mon avis.
Mais cela suppose que les électeurs ne voient pas François Bayrou comme un politique, ou du moins, qu’ils occultent cet aspect.
Or, notre Béarnais est bel et bien un politique aguerri, ayant longtemps validé une politique de Droite, à commencer par celle d’Edouard Balladur, Balladur qu’il lâcha bien vite entre les deux tours de la présidentielle de 1995, pour se rallier aussi sec à Jacques Chirac, ce qui lui permit de conserver son poste de Ministre de l’Education nationale, un poste où il sévit durant quatre années (1993/1997) sans que cela ait marqué les esprits.

En vérité, François Bayrou est un vrai politique doublé d’un sacré opportuniste.
En effet, constatant que l’accession de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle de 2002 était surtout dû à … un rejet du politique, il décida alors de surfer sur cette vague, en se faisant fort d’incarner à son tour et à sa manière, le profil-type du candidat – dit – "anti-système".
C’est la raison pour laquelle, il commença d’abord par s’opposer timidement à la politique du gouvernement Raffarin au nom de son refus de ce qu’il nomma l’Etat-UMP, avant de passer la surmultipliée en votant la motion de censure proposée en mai 2006 par le groupe socialiste à l’assemblée, ou en ne votant pas le budget 2006 du gouvernement Villepin.
Ensuite, et d’une façon plus qu’habile, il s’insurgea contre la partialité (réelle) des grands médias, les accusant notamment d’imposer aux français un "choix tout fait", à savoir, un second tour Ségo/Sarko [*]
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’aujourd’hui, toute cette stratégie porte ses fruits … dans les sondages !
Le voici plus populaire que Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, et cerise sur le gâteau, il pertube la bipolarité promise, mieux, voilà que l’on en vient à émettre une hypothèse hautement improbable il y a encore trois petits mois :

Et si cet homme devenait, le 6 mai prochain, notre Président de la République ?

Quand bien même serait-il discourtois de ne point saluer la performance de notre centriste des Hautes-Pyrénées, qu’il ne nous est pas dispensé de nous demander jusqu’à quand les français seront dupes de ce tour de passe-passe on ne peut plus politicien !
Loin de moi l’idée de remettre en question les sondages pointant notre homme à 20 voire 24%, ni même de douter de la sincérité des sondés, mais il y a tout de même une (double) question simple qui permettrait de savoir si les électeurs censés voter Bayrou le font par conviction ou par … rejet du politique.
Cette double question est la suivante :

Connaissez-vous le programme de François Bayrou ?
Tenez !
Citez-moi, comme ça, au débotté, rien que 5 mesures de son programme, juste 5 !
[Sans tricher, c’est-à-dire sans vous ruer "en lousdé" sur le site du candidat.]

Si les instituts de sondage posaient cette double question, je parierais plus d’une poule au pot, qu’il n’y aurait pas plus de 8% des électeurs affirmant aujourd’hui vouloir voter Bayrou qui seraient en mesure d’y répondre.
Et cela confirmerait que ce vote n’est en aucun cas un vote d’adhésion, mais un vote de rejet du politique.

Or l’enjeu est d’une telle importance que la France ne peut se permettre de porter à sa tête, un homme dont le seul projet est de faire élire par défaut.

[*] Pourtant, quand le dimanche 11 mars, il s’agit de commenter l’allocution de Jacques Chirac, il le fait … sur TF1 et non sur le Service Public.

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Un commentaire sur “Bayrou, Un Vote De Rejet

  1. Et ppurtant, c\’est bien ce que pas mal vont faire, ceux dont les chiffres des sondages saoûlent, ceux qui, cette fois-ci ne voteront pas Jean-Marie par contestation ou défaut, tous les jeunes auxquels on serine de manger-bouger, pas boire, pas fumer, mais plutôt (le cousin de Mickey) d\’aller voter que c\’est bien et ça fait lever le dimanche.
    Chacun sa façon de noyer le poisson et de mener sa barque.
    Bizettes, un peu sur les nerfs oui.

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